Les Yoga Sutra de Patanjali
Les Yoga Sutra de Patanjali sont l’un des textes fondamentaux du yoga. On suppose qu’ils ont été écrits au Vème siècle. Aujourd’hui plus que jamais, leur enseignement est précieux !
L’arrêt des fluctuations du mental
Le yoga est une philosophie qui vise à atteindre le bonheur. Le bonheur s’obtient par la maîtrise du mental : seul un mental calme permet l’installation de l’état de paix intérieure durable. Habituellement, nous sommes perturbés par nos pensées incessantes : « j’ai pas bien fait ceci », « je dois encore faire cela », « que vont-ils penser de moi », etc. Notre agitation permanente, physique, mentale et émotionnelle, nous empêche de faire véritablement silence en nous. Sur-stimulés par notre environnement, nous sommes dispersés au lieu d’être centrés.
« Yoga citta vrtti nirodha » : le yoga est l’arrêt des fluctuations du mental (YSP I,2). Le yoga propose une expérience de concentration, un chemin qui permet d’atteindre un état de paix intérieure, un chemin qui vise à se relier à son être profond, le vrai Soi.
Dans les Yoga Sutra, Patanjali nous présente le Yoga comme un chemin de méditation, comprenant huit « membres », huit pratiques pour cheminer vers la réalisation du Soi. Yama la discipline relationnelle, Niyama la discipline personnelle, Asana les postures corporelles, Pranayama le contrôle du souffle, Pratyahara la maîtrise des sens. Les trois derniers membres sont des états méditatifs : Dharana la concentration, Dhyana, la méditation, et enfin Samadhi, l’éveil de la Conscience, la véritable paix intérieure.
Ces huit membres ne sont pas des étapes successives, mais se travaillent en même temps, progressivement. Par une pratique régulière, ils nous permettent de calmer le mental, de nous libérer de nos conditionnements et de nous transformer profondément. Véritables piliers du yoga, les deux premiers membres, Yama et Niyama, sont incontournables : sans eux, pas de yoga ! Les cinq Yama et les cinq Niyama sont des observances, des règles de vie, ou plutôt des clés de l’art de vivre, par lesquels on travaille déjà la maîtrise de soi. Le yoga est un état d’être, à chaque instant de la vie.
Les 5 Yama
Les Yama sont des instructions pour guider nos comportements, pour vivre en harmonie avec les autres. Nous y trouvons d’abord Ahimsa, la non-violence, la non-nuisance, le non-jugement. Au-delà de la non-violence physique (ou verbale), c’est surtout une question d’intention, une attitude intérieure : « autour de celui qui est non-violent, la paix s’installe ».
Puis vient Satya, la sincérité : bien sûr on peut comprendre Satya comme « ne pas mentir », mais cela va plus loin. Il s’agit surtout d’être sincère et cohérent dans tout ce que l’on fait, d’aligner ses actes, ses paroles, ses pensées.
Le troisième Yama est Asteya : ne pas voler, ne pas s’approprier ce qui n’est pas pour nous, ne pas convoiter. Si le mental est fixé sur ce qui appartient à quelqu’un d’autre, alors on n’apprécie pas ce que l’on a déjà, et on n’est pas disponible pour recevoir ce qui nous est spontanément offert.
Le Yama suivant est Bramacharya, la modération. Ce Yama nous invite à ne pas céder à nos moindres désirs, à ne pas nous laisser guider uniquement par nos pulsions, par nos sens.
Enfin, le cinquième Yama est Aparigraha, ne pas accumuler. Lorsque l’on possède plus que ce dont on a besoin, lorsque l’on prend l’habitude d’accumuler, alors l’attachement et la peur de perdre se développent.
Les 5 Niyama
Les Niyama peuvent être considérés comme des instructions d’hygiène intérieure. Le premier est Sauca, que l’on peut traduire par la pureté. Pour avancer sur notre chemin de Yoga, il est nécessaire d’avoir une bonne hygiène de vie ; cela concerne notre corps, notre alimentation, notre environnement, nos relations.
Le deuxième Niyama est Santosha, le contentement. Lorsque nous avons fait de notre mieux, nous pouvons nous sentir satisfait quel que soit le résultat. Santosha nous demande de nous réjouir de toutes nos expériences, les bonnes comme les mauvaises, et de nous réjouir également du bonheur des autres.
Le troisième Niyama est Tapas, la discipline : la pratique régulière de tout ce yoga demande des efforts sincères !
Svadhyaya est le quatrième Niyama, c’est à la fois l’étude de soi (la posture de l’observateur) et l’étude des textes sacrés. Au niveau comportemental, Svadhyaya demande d’étudier ce que nos faisons ; au niveau spirituel, il s’agit plutôt d’essayer de comprendre qui nous sommes.
Enfin vient Ishvara pranidhana, une attitude d’abandon à plus grand que soi, avec une confiance totale en la Vie.
Postures, respiration, méditation…
Après ces deux premiers membres, Yama et Niyama, on trouve Asana, les postures, qui sont un moyen de préparer le corps à la pratique respiratoire et méditative, pour être capable de rester assis longtemps sans être gêné par sa matière physique. Un Asana chez Patanjali est une posture stable et confortable, physiquement et psychologiquement. Qu’est-ce qui différencie une posture de yoga d’un exercice de gymnastique ? Le fait d’être stable et confortable, d’être réalisée en conscience, et l’objectif que l’on donne à la pratique : pour qu’une posture soit un Asana, elle doit être réalisée dans un but spirituel.
Le quatrième membre est Pranayama, la maîtrise du souffle, le contrôle de la respiration. Lorsque le souffle est suspendu, les pensées le sont aussi, le mental se calme. « Si le mental est un cerf-volant, la respiration en est la corde ».
Enfin le cinquième membre est Pratyahara, la maîtrise des sens. Il s’agit ici de s’intérioriser, de fixer son attention sur ses sensations intérieures et non plus sur les sensations extérieures, qui viennent souvent nous stimuler ou nous perturber.
Ces cinq premiers membres du Yoga de Pantanjali, parfois appelés yoga extérieur, préparent la matière (corps et mental) pour le yoga intérieur, la pratique spirituelle : Dharana, Dhyana et Samadhi, les trois derniers membres. Dharana est un état de concentration, un premier état de lucidité, un petit moment de paix intérieure. Dhyana est un état méditatif, un état modifié de conscience dans lequel la frontière entre le petit moi et le Monde commence à s’abolir. Enfin, Samadhi est la libération, la paix intérieure immuable, la réalisation de notre vraie nature : la Conscience divine.
A la lumière des Yoga Sutra, on voit clairement combien la conception actuelle occidentale du yoga est réductrice : il ne serait qu’un ensemble d’exercices physiques permettant d’acquérir la souplesse et de gérer son stress ??!!
A la fois discipline, philosophie de vie et chemin de transformation personnelle, le Yoga est une voie vers l’harmonie, la joie profonde et la paix intérieure immuable. Tout simplement, la pratique du Yoga permet de devenir, jour après jour, une meilleure personne pour soi et pour les autres… Une « meilleure version de soi-même ».
A mon échelle, j’essaie de transmettre un peu de cette philosophie lors de mes cours de yoga à Arras et lors de mes stages : week-ends sur la Côte d’Opale et semaine régénérante dans les Alpes. Et pour les séances individuelles de yogathérapie c’est ici.